Urgent : un projet de rupture pour une Europe démocratique et sociale
François Asensi, dĂ©putĂ© de Seine-Saint-Denis et membre de la commission des Affaires Ă©trangĂšres, prend acte de la dĂ©cision du peuple britannique de quitter lâUnion europĂ©enne. Cet Ă©vĂšnement historique est une occasion inespĂ©rĂ©e de refonder une union des peuples europĂ©ens sur une base sociale. François Asensi appelle lâensemble de la gauche de transformation sociale Ă proposer une autre vision de la construction europĂ©enne.
Plus de 51% des Britanniques se sont prononcĂ©s en faveur du Brexit et de la sortie de lâEurope. Ce vote reflĂšte la grande hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de lâĂ©lectorat britannique. Deux tendances fortes se sont manifestĂ©es Ă lâoccasion de ce vote : une vision ultralibĂ©rale, incarnĂ©e par Boris Johnson et une approche xĂ©nophobe incarnĂ©e par Nigel Farage. Cependant, ce serait une erreur dâanalyse que de rĂ©duire ce vote Ă ces deux aspects. Il faut aussi noter la mobilisation des forces antilibĂ©rales qui ont rejetĂ© cette construction europĂ©enne.
Ce vote marque lâĂ©chec de 40 ans de construction europĂ©enne. Des signaux avant-coureurs existaient dĂ©jĂ depuis longtemps : de Maastricht au rĂ©fĂ©rendum de 2005 en France, en passant aujourdâhui par le Brexit, le mĂ©contentement populaire nâa cessĂ© de se faire entendre. Le paradigme ultralibĂ©ral est dĂ©passĂ© : il offre dĂ©sormais comme unique perspective un chĂŽmage de masse et de salaires toujours plus bas, consĂ©quence dâune concurrence fĂ©roce et dâune course aux profits toujours plus grande.
Il faudrait ĂȘtre aveugle pour ne pas voir partout en Europe une montĂ©e de ce ressentiment et de cette colĂšre. Les ouvriers, les salariĂ©s, les prĂ©caires et les chĂŽmeurs ont disparu des radars au profit dâune Ă©lite financiĂšre technocratique et bureaucratique. Au Royaume-Uni, en France, en Italie, en Espagne ou en GrĂšce, les peuples se mobilisent pour une autre Europe, qui ne sera plus celle du moins disant social. Une Europe qui, quand les peuples demandent la dĂ©mocratie et la transparence, ne rĂ©pond que par plus dâopacitĂ©. Une Europe qui ne sâentĂȘte pas dans une fuite en avant antidĂ©mocratique, mĂ©prisant les reprĂ©sentations nationales, devenues de simples chambres dâenregistrement. Le traitĂ© de libre-Ă©change avec le Canada (CETA) ou avec les Etats-Unis (TAFTA) nâen sont que les derniers avatars dâune longue liste.
Comme lâont exprimĂ© les Français en 2005, le vote en faveur du Brexit nâest pas un plĂ©biscite pour une Europe refermĂ©e sur elle-mĂȘme. Câest la construction dâune Europe de la finance, au service dâun capitalisme prĂ©dateur, qui est ici remise en question. Les politiques dictĂ©es depuis Bruxelles ne fonctionnent nulle part en Europe et la loi travail Ă lâĂ©chelle de lâEurope en est la preuve. Le temps est venu dâune refondation de lâEurope, qui passe par une rupture Ă©conomique, politique, sociale et culturelle. Cette question centrale sera au cĆur de la prochaine Ă©lection prĂ©sidentielle. Il appartient Ă lâensemble des forces de gauche progressiste dans leur diversitĂ© de travailler Ă une autre vision de lâEurope. Câest une question urgentissime.
Il est aujourdâhui de la responsabilitĂ© de tous les leaders de la gauche de transformation sociale de rĂ©unir un forum national pour produire une autre vision de la construction sociale et dĂ©mocratique europĂ©enne. Jâen appelle Ă tous ces responsables : travaillez ensemble, produisez ensemble ! Le moment nâest pas Ă dĂ©fendre sa chapelle. Câest un beau sujet pour travailler en commun : il doit participer Ă dĂ©finir un grand projet pour la France de demain. Il est temps de changer dâĂ©poque. Le XXIe siĂšcle doit ĂȘtre le siĂšcle du progrĂšs et de la justice sociale pour les peuples europĂ©ens.
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